« Un livre dédié aux étudiants, aux médecins non spécialisés, aux magistrats, aux avocats, aux philosophes, à tous les curieux de psychiatrie en un mot, dans ses formules successives, être repensé à chaque nouvelle apparition, car la pathologie mentale réalise de nos jours des étapes tellement rapides, que les idées jugées trop audacieuses voilà quelques années sont parfois dépassées. Les doctrines se succèdent, impliquant non seulement des terminologies différentes, mais des reclassements de faits. » C’est ainsi que les auteurs expliquent l’augmentation de leur œuvre dans cette deuxième édition. La science psychiatrique étant en train de consolider ses bases de réflexion, il leur semble nécessaire de bien les établir. Leur démarche semble se justifier puisque leur travail a apparemment rencontré le succès. Ils partagent notamment les savoirs disponibles sur l’inconscient (et le refoulement), sur ce qu’ils nomment différents « troubles » (classés en troubles de l’affectivité, de l’intelligence), les arrêts de développement, les constitutions psychopathiques, les psychoses constitutionnelles (psychose maniaque dépressive, délires progressifs, hébéphrénie), les syndromes instinctivo-affectifs de cause apparente (maniaques, neurasthéniques, mélancoliques, délirants), confusion et onirisme, diverses démences (syphilis cérébrale, paralysie générale, maladie du sommeil, démence alcoolique, post-traumatique, épileptique etc.). Les deux dernières parties concernent les rapports entre la psychiatrie et la médecine générale et la médecine légale.
Auteur
Paul-Louis Ladame (1842-1919) est un médecin neurologue et philanthrope suisse.ll étudie la médecine à Zurich où il est l’élève de Griesinger, à Wurzbourg et à Paris où il est influencé par Charcot. Il obtient son diplôme de médecine à Berne, en 1865, avec une thèse de doctorat intitulée (de) Symptomatologie und Diagnostik des Hirngeschwülste (symptomatologie et diagnostic des tumeurs du cerveau). Il est médecin-adjoint à l’hôpital Pourtalès de Neuchâtel de 1865 à 1866 et Médecin-chirurgien au Locle de 1866 à 1878. Durant cette période, il s’engage énergiquement dans diverses causes ayant trait à l’hygiénisme et au progrès social, militant notamment pour l’abolition des maisons de tolérance de la Chaux-de-Fonds. Intéressé par les problèmes de protection de l’enfance, il entreprend en 1879 un voyage à travers la Suisse et d’autres pays européens pour y étudier les systèmes éducatifs destinés aux orphelins. Il est directeur, en 1880, du premier orphelinat du canton de Neuchâtel à Dombresson. Il complète en outre, jusqu’en 1883, sa formation neurologique dans différents centres cliniques de Paris et de Berlin. C’est en 1884 qu’il s’établit définitivement à Genève. Nommé Privat-docent de l’université de Genève, il y enseignera la neurologie, la psychiatrie et l’anthropologie criminelle jusqu’en 1908. (Wiki)
En spécialiste de la psychologie des profondeurs, Ladame cherche avec force d’esprit scientifique un moyen sur de travailler sur le système nerveux sans devoir se fier totalement au magnétisme et à l’hypnotisme. On trouve également dans cet ouvrage un aperçu du sens que prendront les recherches de Ladame quelques années plus tard, en collaboration avec Charcot et contre les magnétiseurs : « Toute l’histoire de ce qui a été appelé depuis Mesmer le « magnétisme animal » […] repose, en effet, sur la physiologie du système nerveux, en particulier du cerveau et de la moelle épinière ; plus cette science des fonctions des centres nerveux fait de progrès, plus aussi nous voyons le magnétisme animal perdre du mystère dont on l’a entouré, et se réduire à un simple chapitre de la physiologie et de la pathologie du système nerveux. » (p. 6) La fin de l’ouvrage est presque lapidaire dans ses propos sur l’hypnotisme, tout en restant honnête : « J’ai la conviction au contraire que l’hypnotisme, employé avec méthode, deviendra tôt ou tard, entre les mains des médecins, un moyen thérapeutique commode et sûr dans certaines affections du système nerveux ; mais je ne crois pas pour cela que les médecins abandonneront les autres agents thérapeutiques actifs et éprouvés qu’ils ont appris à connaître jusqu’à aujourd’hui. Celui qui voudrait faire de l’hypnotisme une panacée universelle, comme les magnétiseurs le font pour leurs manœuvres, ce qui les a tant discrédités, se tromperait lourdement sans doute et serait vite désabusé dans la pratique […] ». (p. 185)
Rapport de condition
In-8, demi-chagrin vert à coins, dos plat, mors frottés, coiffes frottés, page de titre en partie désolidarisée avec manque de papier, Paris, Sandoz & Fischbacher, 1881, 213 pp.