“Dans l’avant-propos de cet ouvrage, Henri Bergson en souligne quelques traits saillants. Il représente l’étude d’une quinzaine ou d’une vingtaine d’années. Sa portée est représentée dans la bibliographie à la fin du volume, comprenant 1081 références. Il s’agit des publications que l’auteur a consultées. Quelque six mille autres dont il a tenu compte sont omises car n’ayant pas suffisamment trait à son sujet. Il apporte la contribution de tout le domaine de la psychologie, de la biologie et de la médecine. L’auteur déclare sa dette envers M. Bergson, dont les théories biologiques (Matière et Mémoire, 1896) ont constitué le point de départ de ses propres études. Par “hallucination”, comme l’explique cet ouvrage, l’auteur entend “une véritable hallucination”, à savoir “ce qui, dans son caractère objectif, ne diffère en rien de la perception normale”.
Le chapitre I traite de l’histoire et de l’évolution des théories sur la pathogénie des hallucinations véritables. Avant le XIXe siècle, le sujet de l’hallucination n’avait guère été abordé scientifiquement. Dans le chapitre II, l’auteur discrédite la théorie classique selon laquelle les hallucinations représentent essentiellement l’intensification des “images mentales”. Le chapitre III traite de “l’hallucination et de la dépersonnalisation”. Le mot “dépersonnalisation” n’est utilisé qu’au sens étymologique, impliquant “un trouble profond de ta personnalité”, sans tentative de définir la nature précise de ce trouble. Des termes descriptifs analogues d’autres observateurs sont cités. Kandinsky parle de perturbation ou d’obscurcissement ; G. Ballet de désagrégation ; Parish et Lipps de dissociation ; Morton Prince d’abstraction ou de dissociation ; Berze de rétrécissement ; Wernicke de désorientation et de séjonction. ” La dépersonnalisation apparaît comme une condition nécessaire mais pas suffisante en soi pour produire une véritable hallucination “. Suit (chapitre IV) une longue discussion sur les attitudes motrices dans la genèse de l’hallucination. Se référant à nouveau à la théorie “classique” telle qu’exprimée par Wundt, les hallucinations sont des images de mémoire qui ne se distinguent des images normales que par leur intensité” – Raoul Mourgue (1886-1950) souligne que l’habitude traditionnelle a été d’interpréter l’hallucination uniquement en termes de Perception ; et de penser la perception comme une sorte d’affaire cognitive isolée résultant d’une stimulation périphérique, sans appréciation suffisante des composantes réflexes ou motrices.
Cette habitude conventionnelle de raisonnement semble être une survivance malheureuse de l’attitude intellectualiste qui a si longtemps prévalu en psychologie, un handicap héréditaire imputable à sa filiation philosophique. Ribot (1879) préfigure les vues contemporaines. “Le mouvement est un élément de la vie psychique tout aussi bien que la sensation sur l’idée”. Et Féré (1887) : “Toute excitation détermine un mouvement auquel paraissent prendre part tous les éléments contractiles de l’organisme, et ce mouvement semble constituer essentiellement le caractère objectif de la sensation. S’appuyant sur des psychologues, physiologistes, neurologues et psychiatres d’Angleterre, de France, de Suisse, d’Allemagne, de Belgique, l’auteur résume : “Dans les phénomènes sensoriels, et de manière plus générale dans la vie psychique elle-même, il n’y a pas de processus qui n’ait sa corrélation motrice. “Féré parle des “signes physiques d’hallucinations”, et plusieurs auteurs ont fait remarquer que les attitudes motrices et les mouvements expressifs peuvent constituer une meilleure preuve de l’expérience hallucinatoire que les réponses verbales des patients eux-mêmes. Ces “attitudes motrices” constituent les moyens nécessaires d’adaptation au monde extérieur et sont considérées comme des composantes intégrales de l’expérience sensorielle.
Rapport de condition
In-8, demi-veau vert glacé passé, initiales en queue “PL” (médecin Pierre Leculier qui a réuni et fait relier ces textes), Bruxelles, Lamertin, 1932, pagination multiple.