Description
Edition originale.
Notre ouvrage est assez précieux car il s’agit d’un exemplaire Hors Commerce de la collection « Poivre et sel », des Editions Kra. On retrouve des illustrations en couleurs sur le premier plat, ainsi qu’au coeur de l’ouvrage. Les dessins sont d’une couleur particulièrement vive donnant vie à l’Espagne.
Carmen forme le troisième volume de la deuxième série de la collection Poivre et Sel, exécuté sous la direction de Albert Noiret ; les dessins au trait de Dubout ont été rehaussés au pochoir par les Ateliers D. Jamomet à Paris. Résumé : « En Espagne, à Séville. Arrêtée à la suite d’une querelle, Carmen, bohémienne au tempérament de feu, séduit le brigadier Don José, fiancé à Micaëla, et lui promet son amour s’il favorise son évasion. Don José libère Carmen, et se fait emprisonner à son tour. Il la retrouve deux mois plus tard parmi les contrebandiers. Pour elle, José se fait déserteur, et enchainé à sa passion dévorante pour Carmen, la poursuit de sa jalousie. La bohémienne finit par le repousser, et seule Micaëla parvient à ramener José au chevet de sa mère mourante. L’ultime rencontre entre Carmen et Don José se déroule devant les Arènes de Séville : alors qu’elle attend son nouvel amant, le torero Escamillo, José tente, dans une ultime confrontation, de convaincre Carmen de revenir auprès de lui. Désespéré, Don José supplie, implore, menace, mais elle, brave, refuse net : il la poignarde, avant de confesser son crime devant la foule. » (in Opera-online).
C’est avec beaucoup d’humour et de « satirisme » que Dubout figure cette histoire si tragique. La belle Carmen est transformée en grosse dame rougeâtre, tandis que Don José est représenté comme un chétif bonhomme en costume bleu. On retrouve un de ses fétiches qui amène assurément le lecteur au rire. On perçoit son goût toujours si présent pour la création d’une atmosphère singulière miroir d’une époque ou d’une région. Il y a une véritable recherche et des détails dans les tenues, les coiffures et décors. On peut souligner également son affection déjà présente pour la corrida, avec un belle illustration sur deux pages, qu’il continuera à explorer dans ses ouvrages postérieurs « Les Corridas » de 1967.
Auteur
Albert Dubout (1905-1976) est sollicité dès 1929 par les Editions Kra, un choix audacieux de la part de cette dernière qui lui confie étonnamment l’illustration de textes classiques. Une voie qu’il le contraindra dans ces choix esthétiques l’obligeant parfois à coller au texte. Dubout affirmera notamment que le travail de « miroir du texte » effectué pour « Clochemerle » ne lui avait pas plu. A contrario des dessins qu’il commet pour les journaux, cette formule éditoriale lui tient à coeur. « Il y avait une bien plus grande liberté de moyens que dans le tyrannique dessin de presse. On comprend par exemple que les délais toujours précipités des rédacteurs de journaux aient peu convenu à ce dessinateur qui aimait à représenter mille têtes différentes sur son papier à ajouter toujours de nouveaux accessoires, à fignoler sans cesse » (in MELOT Michel, « Dubout », Edition Michèle Trinckvel, Montrouge, 1979).
« Il est certainement l’un des artistes les plus influents de toute une génération de dessinateurs et illustrateurs » (in Dubout.fr) et à ce titre possède des caractéristiques reconnaissables comme un tracé tout en rondeur, des compositions chamarrées qui complimentent l’aspect drolatique des scènes de vie qu’il nous dépeint. Héritier sans le vouloir de Jérome Bosch, Dubout agrémente ses productions d’un grand nombre de personnages participant à la fois à des micro-scènes et à l’action principale. Ces attributs se parent d’un goût pour des illustrations grivoises, caricaturales parfois tumultueuses, rendant ses personnages attachants tels que ceux du Petit Bonhomme et de la Grosse Dame. Ces derniers ne sont pas sans rappeler son affection pour sa région natale, le sud de la France, et particulièrement Marseille.
Dubout est un produit « made in France » par excellence : régionaliste, authentique, bon-vivant, éduqué et talentueux. Il fut élève aux Beaux-Arts de Montpellier, puis il s’installe à Paris. Il se passionnera pour la foule des grands magasins et des transports qu’il aime croquer et caricaturer. Il publie ses premiers dessins dans « Pêle-Mêle », puis s’en suivront des collaborations avec différents magazines et journaux tels que « Ric et Rac », « Marianne », « La Bataille » et « Ici Paris ». Dubout réalise également des affiches pour le cinéma, la publicité et le théâtre comme celle de « César » de Marcel Pagnol. Sa passion pour le cinéma est tenace, il réalise plusieurs films d’animations « Anatole fait du camping » et « Anatole à la tour de Nesle » en 1947 et longs métrages « La Rue sans loi » en 1950 et « Anatole chéri » en 1954.
Albert Dubout « a illustré plus de 80 ouvrages dont le dernier a paru après sa mort. Il a publié 27 albums et créé 80 affiches de cinéma et de publicité. Par ailleurs, il a réalisé 70 peintures à huile dont les fameuses Corridas avec leurs ombres et lumières ainsi que les Toreros » (in Dubout.fr).
Rapport de condition
Edition originale. Parisl, Editions Kra, 1930. In-12, broché, tirages numérotés de 1 à 1000 sur vélin de rives, le nôtre est un exemplaire hors commerce, illustration en couleurs sur le premier plat, sous plastique, 37 illustrations en couleurs et deux en noires et blanc, quelques légères déchirures sur le papier, haut et bas du dos discrètement consolidés au ruban adhésif, cahiers distendus, 144 pages non rognées.