Essai sur les opérations de l’entendement humain et sur les maladies qui les dérangent

Jean-François Dufour, médecin, a publié en 1770 son « Essai sur les opérations de l’entendement humain et sur les maladies qui les dérangent ». Selon Jacques Bescond, J-F Dufour était partisan de maisons spécialisées dans le traitement de la folie, institutions très rares à l’époque. Jean-François Dufour y aborde la démence, la mélancolie, la manie et l’hypochondrie en synthétisant et clarifiant le savoir médical du XVIIIe siècle, non seulement suivant son expérience personnelle des malades (construction d’un savoir clinique) mais encore en faisant la théorie de ce qu’il apporte : l’importance de l’ordonnancement et de la succession des idées en lien avec une certaine prise de l’imagination sur l’entendement, l’importance de la mémoire et de la communication des idées dans les opérations qu’elles réalisent. Evitant de trancher sur la question du caractère inné de certaines idées, Jean-François Dufour préfère s’attacher à ce qui fait bord entre les perceptum et les percipiens (le principe de sentir), introduisant l’idée de forces mécaniques pesant sur l’entendement, véritable précurseur de concept qui se retrouve dans les derniers enseignements psychanalytiques.

Cette réimpression du texte tel que paru en 1770 aux éditions Merlin est un classique de la psychiatrie française avec un but clair énoncé dès les premières lignes : « Je n’ai entrepris cet Essai ni pour bâtir des systèmes, ni pour en blâmer aucun ; mon dessein a seulement été de rapprocher ce que les Philosophes d’un côté & les Médecins de l’autre, ont dit de plus intéressant sur ces matières, & de former une espèce de physiologie pathologique de l’entendement humain dont la Médecine me paroit manquer. » De manière générale, Dufour aborde les sujets spécifiques à la psychiatrie tels que la mélancolie ou la démence qu’il a étudié cliniquement. Le mélange entre philosophie et médecine est très marqué. La question de la mémoire semble être transversale puisqu’elle mêle étude du cerveau au sens de la médecine et aussi au sens de l’âme, la question du désir semble aussi liée à cette double approche. Au siècle des Lumières les sciences ne sont pas encore complètement séparées, même si l’importance de la religion a décru. La philosophie reste cependant encore attachée à l’étude des sciences comme on peut encore le voir chez Diderot et chez les philosophes matérialistes. Dufour fait aussi appel à des concepts purement philosophiques tels que « les idées innées » citées par Descartes, il cite encore Sénèque, Protagoras, Lucrèce, etc. Dans son versant strictement médical l’essai se propose de décrire les mécanismes du cerveau, comme ceux des fibres musculaires (par exemple).

In-8, pleine toile, ex-libris du psychiatre Fouks, taches sur les tranches, petites taches sur le dos, Nendeln/Liechtenstein, Kraus Reprint, 1978, 487 pp.