Jules Perrin est un auteur peu lu aujourd’hui mais particulièrement connu de la 2e moitié du 19e siècle. Entre une approche psychologique grand public et une narration très classique de feuilleton, Perrin n’hésite pas à « se faire peur » avec des considérations morales dissidentes. Dans notre volume, « Le besoin de crime », le « héros » se découvre brutalement des aspirations de criminel éprouvant un violent besoin de tuer…
Epris de valeurs judéo-chrétiennes, il ne s’interroge pas sur la possibilité de faire mais sur le pourquoi ne faisons-nous pas ? « Je me suis alors demandé si le meurtre, dégagé de toute considération intéressée comme le ressentiment, le vol, enfin accompli sans passion, par hasard si l’on veut, je me suis demandé si ce meurtre-là était véritablement impossible à la créature humaine et constituait une action inadéquate à notre volonté. » C’est d’ailleurs grâce à cette approche « du pourquoi pas » et non du « pourquoi faire » et des sentiments névrotiques qui accompagnent notre héros psychopathe que repose l’intérêt de ce livre dont la fin est surprenante… Notre héros assume pleinement la violence de ses sentiments et formulent « les motifs » du meurtre avec une telle assurance, une telle simplicité que sa « folie » inonde lentement la moindre ligne de ce texte. Tuer pour rien d’autre que tuer… un programme insensé, clairement psycho-pathologique.
Rapport de condition
Edition originale, Paris, Calmann Levy 1889 ; relié 18 x 12 – Demi-pleine percaline marron – 298pp. Avec 2 lettres reliées et un envoi. Ouvrage d’Henri Lavedan (1859-1940), journaliste, auteur dramatique et académicien. Première lettre reliée (sur papier libre) : « Vendredi Mon cher confrère Je tiens à vous remercier de votre aimable lettre. Ce sont moins les compliments que vos excellents procédés qui me touchent. J’espère que nous pourrons nous voir un de ces jours et si (pardonnez cette familiarité) un déjeuner en compagnie de Camille Oudinot pourrait vous amener chez moi à Sèvres à la Manufacture dont je suis secrétaire (hélas !) je serais fort heureux de vous avoir à causer en mangeant des cuisines médiocres. Songez que vous me feriez beaucoup de plaisir, que le parc de St Cloud est adorable et que ma proposition est à seule fin de vous remercier moi-même de l’excellente lettre que vous m’avez envoyée. A bientôt, si vous voulez bien et croyez moi votre Jules Perrin » Seconde lettre reliée (sur papier de l’Editeur Calmann Levy) : « Paris, le 8 mai 1889 Vous souvenez-vous, monsieur et cher confrère, des soirées de la Grande Chaumière, chez Cam. Oudinot ? Vous en fûtes et j’en fus. C’est en souvenir de ce temps d’oeuvres inédites que je vous envoie celle-ci à vous qui m’avez déjà tout à votre actif. Et j’espère que mon Crime ne vous déplaira point. Bien à vous. Jules Perrin » Envoi de Jules Perrin à Henri Lavedan sur la page de faux-titre : « A Monsieur Henri Lavedan. Hommage cordial Jules Perrin »