description
Les jours de l’homme, Le visage de la femme, Ne pas dételer.
Voici la trilogie complète du Docteur Besançon : « Les jours de l’Homme », « Le visage de la femme », et « Ne pas dételer ». Il est assez élégant de par sa couverture en cuir rouge et ses tranches de tête dorées. Il entreprend cet ouvrage avec les Editions Trinckvel, un de ses éditeurs favoris avec lequel il travaille dès 1953 en illustrant « Molière ». Notre exemplaire porte le tirage 1903 sur 3000. Il est richement illustré et reprend les thèmes du domaine médical, la mort, le corps humain, mais aussi l’amour.
L’ouvrage se décompose en trois parties. La première « Les jours de l’homme » est illustrée de médecins entourés de femmes girondes et rieuses. Dubout dépeint aussi le monde médical dans toute sa folie, sa crudité avec des morceaux de corps volants au bloc opératoire (p148-149). La seconde partie intitulée « Le Visage de la femme » représente des créatures fantasmées, parfois surréalistes aux multiples seins (p 219), clairement grotesques. Enfin, dans la partie « Ne pas dételer », l’auteur dépeint entre autre le jeu de l’amour et ses travers, « les maladies relais » (in Dr. Besançon). Dubout se joue de ce sujet, en y représentant notamment des personnages verts, malades, fuyant la mort et voulant posséder de jeunes et pulpeuses femmes.
A cet ouvrage promotionnel sont joints 2 prospectus publicitaires indiquant le prix (un à 450 Francs et l’autre à 600 Francs), ces deux prospectus sont composés du même dessin en couleurs : une opération chirurgicale avec tant de personnes en salle d’opération qu’on pourrait prendre cela pour une grande fête, significatif de l’hyperbolisme de Dubout. Sur le dernier plat de ces deux prospectus, on trouve un court essai de Paul Guth.
Auteur
Albert Dubout (1905-1976) est sollicité dès 1929 par les Editions Kra, un choix audacieux de la part de cette dernière qui lui confie étonnamment l’illustration de textes classiques. Une voie qu’il le contraindra dans ces choix esthétiques l’obligeant parfois à coller au texte. Dubout affirmera notamment que le travail de « miroir du texte » effectué pour « Clochemerle » ne lui avait pas plu. A contrario des dessins qu’il commet pour les journaux, cette formule éditoriale lui tient à coeur. « Il y avait une bien plus grande liberté de moyens que dans le tyrannique dessin de presse. On comprend par exemple que les délais toujours précipités des rédacteurs de journaux aient peu convenu à ce dessinateur qui aimait à représenter mille têtes différentes sur son papier à ajouter toujours de nouveaux accessoires, à fignoler sans cesse » (in MELOT Michel, « Dubout », Edition Michèle Trinckvel, Montrouge, 1979).
« Il est certainement l’un des artistes les plus influents de toute une génération de dessinateurs et illustrateurs » (in Dubout.fr) et à ce titre possède des caractéristiques reconnaissables comme un tracé tout en rondeur, des compositions chamarrées qui complimentent l’aspect drolatique des scènes de vie qu’il nous dépeint. Héritier sans le vouloir de Jérome Bosch, Dubout agrémente ses productions d’un grand nombre de personnages participant à la fois à des micro-scènes et à l’action principale. Ces attributs se parent d’un goût pour des illustrations grivoises, caricaturales parfois tumultueuses, rendant ses personnages attachants tels que ceux du Petit Bonhomme et de la Grosse Dame. Ces derniers ne sont pas sans rappeler son affection pour sa région natale, le sud de la France, et particulièrement Marseille.
Dubout est un produit « made in France » par excellence : régionaliste, authentique, bon-vivant, éduqué et talentueux. Il fut élève aux Beaux-Arts de Montpellier, puis il s’installe à Paris. Il se passionnera pour la foule des grands magasins et des transports qu’il aime croquer et caricaturer. Il publie ses premiers dessins dans « Pêle-Mêle », puis s’en suivront des collaborations avec différents magazines et journaux tels que « Ric et Rac », « Marianne », « La Bataille » et « Ici Paris ». Dubout réalise également des affiches pour le cinéma, la publicité et le théâtre comme celle de « César » de Marcel Pagnol. Sa passion pour le cinéma est tenace, il réalise plusieurs films d’animations « Anatole fait du camping » et « Anatole à la tour de Nesle » en 1947 et longs métrages « La Rue sans loi » en 1950 et « Anatole chéri » en 1954.
Albert Dubout « a illustré plus de 80 ouvrages dont le dernier a paru après sa mort. Il a publié 27 albums et créé 80 affiches de cinéma et de publicité. Par ailleurs, il a réalisé 70 peintures à huile dont les fameuses Corridas avec leurs ombres et lumières ainsi que les Toreros » (in Dubout.fr).
Rapport de condition
Paris, éditions Trinckvel, 1976. In-12, reliure plein cuir rouge, fer original, tête dorée, pages de gardes illustrées, présenté sous étui de luxe rouge, exemplaire numéro 1903 sur 3000 exemplaires sur vélin, 544 pp