Cruauté, sadisme, perversité ; en un mot barbarie ; voilà ce que montre sans fard, les « récits sur les tortures des aliénés » du père Hilarion. Les différents mode de torture, car il ose appeler les actes ignobles commis « tortures », sont explicités. Première torture : l’arrestation et la confusion qui est faite entre les criminels et les aliénés. Deuxième torture : l’intimidation et sa camisole de force très souvent aussi inutile qu’avilissante. Troisième torture, le traitement ; puis quatrième torture la cellule, et ainsi de suite jusqu’aux bains forcés, mutilations, poisons, sondes, etc. Au total, 12 types de tortures plus odieuses les unes que les autres : « Lorsqu’un de ces infortunés; soutenu par la force de son tempérament, n’a pas succombé aux tortures, aux commotions violentes, aux saignées à blanc, à la séquestration cellulaire, aux douches et aux bains froids prolongés pendant 18 heures et renouvelés 18 fois, et que cependant par suite des souffrances physiques et morales qu’on lui a fait éprouver, il est tombé dans une profonde stupeur, lorsqu’il ne parle plus, lorsqu’il semble avoir perdu complètement la faculté de penser et ne ressemble plus qu’à un automate intérieurement dévoré, que fait-on pour le tirer de cet état lamentable ? Il faudrait des secours moraux, de la douceur dans les employés, les soins touchants de l’amitié, les consolations des parents, le recours à Dieu, la prière ! Mais on achève, au contraire de le rendre tout à fait incurable ; on lui fait subir le supplice du bain froid par surprise, autre torture affreuse, atroce, et qui ne peut pas être un remède. »
Auteur
La Société de la morale chrétienne fut fondée à l’initiative du duc François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt le 19 novembre 1821, en collaboration avec Laborde1, Gérando, le pasteur Goepp, le comte de Lasteyrie et le baron de Staël. Elle se proposait de mettre en œuvre un évangile actif et utile. Les membres étaient donc des militants qui s’engagèrent dans des combats aussi difficiles que l’abolition de la traite des Noirs, l’amélioration des conditions d’incarcération ou bien encore l’aide aux réfugiés. Tocqueville, Thiers, Lamartine et Lafon de Ladebat en firent partie. En 1831, les membres de la Société, très influents, poussèrent le ministère Laffitte à interdire la Traite négrière : Loi du 4 mars 1831. La Société française pour l’abolition de l’esclavage a pris le relais en 1834. (wiki)
Notre volume aborde également dans le détail l’ivrognerie, les salles d’asile, l’homme et ses races, la caisse d’épargne, la pension Suard, la camaraderie, Confucius et Aristote, les prisons, les enfants assistés, etc. Nous avons entre les mains une mine d’informations sur l’appareil médical, psychologique et social Français de la première moitié du 19e siècle. Il n’est pas surprenant que ce soit la Société de la morale chrétienne, organisation philanthropique qui ait osé éditer ce livre et dévoiler l’indicible.
Rapport de condition
Edition originale. Société de la morale chrétienne, tome 3, n°1, Paris, Dondeu-Dupré, 1853, 64 pp. ; in-8, plein veau havane, décors en à froid sur les plats, dentelles et filets dorés, dos plat orné, pièces de titre et de tomaison, Paris, Dondeu-Dupré, 1853, 64 pp. Bel ouvrage.