Bénedict Augustin MOREL, NON VENU – Traité des maladies mentales, 1860
Bénedict-Augustin Morel (1809-1873) est un médecin et docteur en médecine français, né en Autriche. (BnF)
Édition originale du dernier grand ouvrage de l’auteur, novateur et rare, recherché. Il est divisé en quatre parties. Dans la première partie, Morel analyse les doctrines qui ont régné sur l’aliénation depuis l’Antiquité jusqu’aux temps modernes. Il expose ensuite sa conception et propose une nouvelle classification des maladies mentales basées non plus sur la symptomatologie mais sur l’étiologie. Il distingue des causes déterminantes et des causes prédisposantes (générales ou individuelles). Il insiste sur le rôle de l’hérédité (qui peut elle-même être une cause prédisposante ou déterminante), et estime que, dans certaines pathologies mentales, les troubles s’aggravent progressivement de génération en génération, ce qui anticipe le concept d’anticipation (fait déjà évoqué dans son ouvrage précédent). Les dernières parties sont consacrées à la symptomatologie des affections mentales, puis aux formes particulières de folies : aliénations héréditaires ; aliénations par intoxication ; folies hystérique, épileptique, hypochondriaque ; folies sympathiques ; folies idiopathiques ; démence. Morel complète sa description de ce qu’il appela la ‘démence précoce (cf. notamment l’observation rapportée pp. 565-566) anticipant la description de la schizophrénie faite par Beuler en 1911. Coffin JC : La transmission de la folie 1850-1914, pp. 66-77 : « Deux innovations de taille sont contenues dans le livre. En premier, Morel entend appréhender la maladie mentale à la lumière de sa théorie des dégénérescences. En second, il s’agit d’introduire la méthode étiologique pour comprendre le fonctionnement des phénomènes mentaux. » ; Baruk H : La psychiatrie française de Pinel à nos jours, p. 88 : » L’oeuvre de Morel culmina dans son Traité des maladies mentales. Cet ouvrage met dabord au premier plan l’étiologie, ce qui marque une date. Enfin, Morel apporte des données originales et nouvelles au problème des névroses et crée la théorie affective des obsessions (délire émotif de Morel). »
Comme de nombreux penseurs, médecins et aliénistes du XIXe siècle, Morel présente dans son œuvre aussi bien que dans sa pratique quotidienne plusieurs aspects, parmi lesquels la postérité a retenu sa théorie et ses travaux sur la dégénérescence plus que sa lutte contre la contention par camisole des aliénés.
Ce traité, destiné à l’origine aux médecins non aliénistes, contient, comme ont pu le voir les historiens modernes comme Pierre Morel, une mise en cause de la responsabilité du milieu (environnement, vie de famille, intoxication etc.) dans les symptômes identifiés chez le patient. Morel a ainsi pu établir une filiation avec les conceptions de Buchez, correspondant « à des préoccupation de médecine sociale beaucoup plus ouvertes que la théorie ultérieure des dégénérés de Magnan à laquelle on tend à l’assimiler ». (Nouvelle histoire de la Psychiatrie)
Cet exemplaire a une provenance hautement significative, il a appartenu à Joseph Capgras.
Paris, Masson, 1860
In-8, demi-toile bleue passée postérieure, bradel, pièce de titre en maroquin olive passé, inscription manuscrite au dos « Morel », reliure signée Cabry (Amiens), ex-libris manuscrit du Dr Capgras au verso du premier plat, page de titre manquante remplacée par une page manuscrite, , XVI, 866 pp.
Bon état –